Difficultés de la filière avicole bretonne
27 sept. 2024
À l'initiative de ma collègue Annie Le Houérou, Sénatrice des Côtes d'Armor, j'ai cosigné un courrier commun sur les difficultés de la filière avicole bretonne adressé à Madame Annie Genevard, Ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt. Vous le trouverez ci-dessous :
"Madame la ministre,
En tant que parlementaires bretons, nous souhaitons attirer votre attention sur la situation préoccupante de la filière avicole dans notre région. La Bretagne, première région productrice de volailles en France, a vu sa production chuter de 31 % entre 2000 et 2020, malgré une consommation nationale en hausse. Cette baisse, associée à la perte d’autosuffisance en poulets de la France depuis 2014, fragilise considérablement ce secteur.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Tout d'abord, la guerre en Ukraine a entraîné une augmentation des importations de volailles ukrainiennes, dont la part de marché est passée de 16 % à 24 % entre 2022 et 2023, en raison de la suppression des droits de douane en 2022. Ces importations, qui ont augmenté de 113,5 % sur la même période, concurrencent sévèrement la filière française. Il est important de noter que ces chiffres n’incluent pas la volaille ukrainienne transformée en Pologne et aux Pays-Bas, puis estampillée "Union européenne" avant d’être commercialisée en France.
Les coûts de production des volailles importées sont nettement inférieurs à ceux de la filière française, qui, de son côté, est soumise à des normes strictes et a été encouragée à monter en gamme. Les éleveurs français se sont en effet engagés dans des labels et des signes de qualité plus coûteux à produire, alors que la demande des consommateurs, sous l'effet de l'inflation, se tourne davantage vers des produits moins chers, accentuant ainsi la crise.
En restauration hors foyer, la dépendance aux importations est encore plus flagrante, jusqu’à 80 % des poulets proviennent de l’étranger. Cette situation conduit à un allongement des périodes de vide sanitaire pour les éleveurs bretons, qui passent de deux à quatre semaines en moyenne, et jusqu’à neuf semaines pour certains. Ces délais prolongés entraînent des pertes de production et de revenus considérables.
Les récentes mesures commerciales adoptées en avril 2024, bien qu’appliquées depuis juin, ne compensent pas les pertes subies. Les éleveurs bretons sont en effet triplement impactés par les épizooties de grippe aviaire, l’inflation et les importations à bas coût. Le risque d’épidémie de grippe aviaire reste latent et nécessite une attention préventive. Par ailleurs, les éleveurs rencontrent des difficultés croissantes pour se former et se faire remplacer dans un métier de plus en plus technique.
Aujourd’hui, c’est tout un pan de l’économie bretonne, son dynamisme, ses savoir-faire, ses emplois directs et indirects ainsi que la souveraineté alimentaire de la France qui sont menacés.
Face à ces difficultés, la filière avicole bretonne demande la mise en place d’un plan de soutien spécifique pour les éleveurs ayant subi un vide sanitaire prolongé entre janvier 2023 et juin 2024. Ils souhaitent également le renouvellement du décret relatif à l’étiquetage de l’origine des viandes en restauration hors foyer et le renforcement de l’application de l’étiquetage pour les viandes transformées en RHF. Les consommateurs doivent pouvoir disposer d’une information claire, complète et transparente. Les producteurs ont également besoin d'une politique agricole stable, avec un cap clair, qui ne les oblige pas à s'adapter à des changements annuels incessants.
Nous vous remercions, Madame la ministre, de l’attention que vous porterez à ce sujet qui concerne l’avenir de notre région et l’ensemble de la filière avicole française.
Veuillez agréer, Madame la ministre, l'expression de notre très haute considération."
Annie Le Houérou, Sénatrice des Côtes-d’Armor
Mickaël Bouloux, Député d’Ille-et-Vilaine
Jean-Luc Fichet, Sénateur du Finistère
Tristan Lahais, Député d’Ille-et-Vilaine
Gérard Lahellec, Sénateur des Côtes-d’Armor
Paul Molac, Député du Morbihan
Sylvie Robert, Sénatrice d’Ille-et-Vilaine
Claudia Rouaux, Députée d’Ille-et-Vilaine
Mélanie Thomin, Députée du Finistère
Simon Uzenat, Sénateur du Morbihan