Non à l'accord commercial UE - Mercosur
4 nov. 2024
Avec plus de 200 députés, j'ai cosigné une tribune transpartisane à l'initiative d'André Chassaigne qui vise à ce que le Gouvernement applique son veto sur l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et les pays d’Amérique du Sud membres du MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Bolivie).
Ce traité de libre-échange, en l’état, porterait atteinte à la durabilité de nos productions, à la lutte contre le dérèglement climatique, à la lutte contre la déforestation et à la qualité de notre alimentation.
L’UE ne peut, au nom d’intérêts commerciaux et géopolitiques court-termistes, trahir son ambition d’élévation des standards environnementaux, sociaux, sanitaires et son engagement pour la souveraineté alimentaire.
Voici notre tribune publiée dans Le Figaro le 4 novembre 2024 :
« Il ne reste à la France que quelques jours. Quelques jours pour bloquer la conclusion de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du MERCOSUR, annoncée pour la mi-novembre. Quelques jours pour réaffirmer la priorité donnée à la protection de nos agriculteurs et la durabilité de nos productions, à la lutte pour le climat et contre la déforestation, à la qualité sanitaire de notre alimentation.
L’accord, négocié par la Commission européenne, trahit deux fois ce que doit être l’Union européenne. Il trahit l’ambition d’une élévation des standards environnementaux, sociaux, sanitaires. Il trahit aussi l’engagement pour la souveraineté alimentaire de notre continent.
Nous, députés, l’avons dit fermement sur tous les bancs de l’Assemblée Nationale : nous ne voulons pas d’un accord, dont le contenu, négocié depuis 1999, ne porte toujours aucun engagement solide sur le plan environnemental, social et sanitaire. Alors que la France a perdu 100 000 exploitations agricoles en dix ans, qu’elle risque d’en perdre le même nombre dans la décennie qui s’ouvre, alors que 75% de la déforestation au Brésil est liée à l’élevage bovin, cet accord reviendrait à sacrifier nos valeurs profondes à des intérêts commerciaux et géopolitiques court-termistes, à une course à l’influence et aux nouveaux marchés. Nous refusons d’ouvrir les marchés européens à du poulet dopé aux antibiotiques, à du bœuf élevé sur fond de déforestation, au maïs traité à l’atrazine...
La poursuite de cette mise en concurrence inéquitable de nos producteurs européens et français est d’autant plus injustifiable que nous leur demandons chaque jour de faire des efforts pour respecter le cadre normatif et règlementaire, garant de la qualité de l’alimentation des 450 millions d’Européens. Ces derniers jours, la volonté de créer un fonds spécifique visant à compenser les effets de cet accord pour l’agriculture européenne, dans le seul but de pousser à sa signature rapide, est est un aveu du caractère absurde de cet accord commercial. La souveraineté alimentaire de l’Union européenne n’est pas une variable d’ajustement : c’est notre assurance vie !
Le Président de la République a pris des engagements devant les agriculteurs et les organisations environnementales, unies dans ce combat. Pour eux, pour nos concitoyens, il est temps que la France fasse preuve du courage, de l’autorité, de la force de conviction dont nous la savons capable. Nous, députés de tous bords, demandons donc au Gouvernement de bloquer la conclusion de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le MERCOSUR et à la Commission européenne de respecter ce veto français. »