Projet de budget pour 2023 : un budget insuffisamment protecteur
27 sept. 2022
À l'aube de la reprise des débats parlementaires, le Gouvernement présente son projet de budget pour 2023 comme un budget soit-disant “protecteur” qui mérite des explications.
Quelle “protection” quand le Gouvernement refuse l’augmentation des salaires, des retraites ou des prestations sociales au moins au niveau de l’inflation ?
- Le projet de budget du Gouvernement prévoit une inflation de 4,2 % en 2023 après 5,3 % cette année, soit une hausse des prix supérieure à la hausse des pensions de retraite, des traitements des fonctionnaires ou des prestations sociales prévue par le Gouvernement cet été. Une hausse des prix supérieure à celle des salaires, concrètement, cela signifie que le Gouvernement acte une baisse du pouvoir de vivre des Françaises et des Français.
- La prolongation du “bouclier tarifaire” est un aveu d’échec. En annonçant de nouvelles mesures un peu plus d’un mois après la promulgation du “paquet pouvoir d’achat”, le Gouvernement acte l’insuffisance de ses mesures estivales. De plus, le bouclier tarifaire, c’est une limitation de la hausse des prix du gaz et de l’électricité à 15 %. Concrètement, cela veut dire que les Français subiront une hausse moyenne de leurs factures d’énergie de 255 € par an, le tout payé par l'Etat aux fournisseurs d'énergie !
- Si la hausse du chèque énergie peut être une piste, il faut que celui-ci atteigne un montant qui permette de faire face à cette hausse de 15 %, une aide de 100 € ne suffira pas. Nous souhaitons surtout une augmentation du nombre de bénéficiaires du chèque énergie, comme nous le défendons depuis 2018 !
Quelle “protection” quand le Gouvernement refuse de mettre en place un bouclier énergétique pour les collectivités territoriales ?
- En raison de la hausse vertigineuse de leurs factures d’électricité, ces mêmes collectivités devront demain réduire ou fermer des services facultatifs, à l'image des piscines publiques.
- En juillet, nous avons obtenu que les collectivités locales soient compensées par l’Etat pour la hausse du point d’indice, l’augmentation du RSA et l’augmentation des prix de l’énergie. Cependant, bien moins de communes feront l'objet d'une compensation financière, contrairement à que ce qu'avait promis le Gouvernement. Notre groupe parlementaire demande donc une révision des critères pour élargir les bénéficiaires. Nous demandons que cette aide soit prolongée et que toutes les économies demandées aux collectivités soient abandonnées, sinon cela se traduira par la fermeture de services publics et/ou la hausse des impôts locaux comme la taxe foncière…
Quelle “protection” quand le Gouvernement refuse de faire davantage contribuer ceux qui le peuvent pour faire peser les efforts, demain, sur tous les Français ?
- En plus de refuser de taxer les superprofits, ce que notre groupe politique défend, le Gouvernement fait même aux plus grandes entreprises qui dégagent d'importants bénéfices un cadeau supplémentaire avec la confirmation de la suppression de la Contribution sur la Valeur Ajoutée des Entreprises. Il faut rappeler que les impôts de production ont déjà fortement baissé, sans en mesurer le véritable impact positif sur l'économie. Ce quinquennat commence comme le précédent, par une croyance aveugle dans la politique de l’offre, dans le “ruissellement”, par des cadeaux aux plus riches quand ceux qui ont le moins sont appelés à faire des efforts…
- C’est la réforme de l’assurance-chômage, examinée en parallèle de la présentation de ce budget et dont le seul objectif est de faire des économies : la réforme de 2019 c’est 2,2 milliards d’euros d’économies faites sur le dos des chômeurs chaque année !
- C’est le projet de report de l’âge légal de départ à la retraite qui pourrait s'immiscer dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale… une réforme purement paramétrique qui pourrait se traduire par une baisse des pensions.
Ce projet de budget n'est donc pas suffisamment protecteur et marqué par des injustices. Il comporte certes des mesures qui seront utiles pour celles et ceux qui en bénéficieront mais elles ne sont pas à la hauteur des réponses à apporter dans un contexte de crise énergétique, de forte inflation et d'exigence de justice sociale et fiscale.