Réaction au décès de Nahel et aux violences urbaines
30 juin 2023
Mercredi dernier, Nahel, un adolescent est mort, tué à bout portant par un policier. Je tiens à exprimer toute ma compassion et ma solidarité à sa famille ainsi qu’à ses proches face à ce drame. Depuis trois jours, une intense émotion et une immense colère légitimes traversent notre pays, nos villes et nos quartiers.
Une exigence de justice s’impose pour faire toute la lumière sur cette situation tragique. Le policier auteur du tir sur Nahel est inculpé pour homicide volontaire, il est en détention provisoire. Il revient à la Justice d’établir les faits, les responsabilités et leur juste sanction.
Je condamne avec la plus grande fermeté toutes les violences et les dégradations, en appelant à l’apaisement et au retour de la paix civile. On ne rend jamais justice en s'attaquant à nos services publics, aux transports en commun, aux commerces et aux biens des habitants des quartiers populaires, premières victimes de ces dégradations.
Dans ce contexte difficile, je tiens à saluer le travail de tous les agents publics, policiers, gendarmes, pompiers, personnels de santé, agents de propreté qui sont mobilisés ces derniers, jours et nuits. J’apporte également mon soutien aux maires et élus locaux, une nouvelle fois en première ligne.
Mais les appels au calme ne peuvent pas suffire. Le Président de la République et son Gouvernement doivent prendre des actes politiques forts et rapides.
Depuis 2005, trop peu de choses ont changé pour les habitants des quartiers populaires, l’enterrement du plan Borloo par le Président de la République en 2018 en est la preuve. Or, on ne répond pas à une crise sociale et à une défiance vis-à-vis des institutions qui durent depuis des décennies en décrétant l’état d’urgence.
Les députés socialistes dont je suis sont attachés à l’ordre républicain. Parce que nous sommes attachés à la police dans notre pays, nous le disons clairement : il faut urgemment redéfinir une doctrine de maintien de l’ordre, travailler à une réforme de la formation des policiers, à une refonte des autorités de contrôle et de sanction de nos forces de l’ordre mais aussi à une révision de la loi de 2017 sur l'utilisation d'une arme en cas de refus d'obtempérer.
Si aucune loi de la République ne donne de permis de tuer, une loi doit être jugée sur son application. Il s’agit ici non pas d’accabler une institution qui, dans l’immense majorité des cas, accomplit son devoir de la meilleure manière, mais d’évaluer, chiffres à l’appui, les effets d’une loi.
Enfin, des chantiers structurels doivent être lancés afin de retrouver la cohésion de notre pays : augmentation des moyens de la politique de la ville, lutte contre les discriminations, combat contre les inégalités scolaires, politiques de mixité sociale et priorité à la jeunesse.